Appui institutionnel à la presse privée: 54 dossiers passés au scanner

La Commission nationale d’examen des dossiers de subvention à la presse privée s’est réunie le 30 octobre dernier, dans un contexte postélectoral marqué par la nécessité de promouvoir la paix et la responsabilité des médias.

Depuis le 30 octobre dernier, les regards du monde médiatique camerounais sont tournés vers Yaoundé, où se tient la 7ᵉ session de la Commission nationale d’examen des dossiers de candidature à l’appui institutionnel de l’État à la presse privée. Sous la présidence du secrétaire général du ministère de la Communication (Mincom), Félix Zogo, représentant le ministre René Emmanuel Sadi, les travaux portent sur l’étude de 54 dossiers déposés par des organes de presse désireux de bénéficier de cette subvention publique.

Selon les chiffres communiqués, 49 dossiers proviennent de la presse écrite, contre 5 issus de la presse en ligne. Un écart significatif qui traduit la place encore prépondérante des journaux traditionnels dans le paysage médiatique national, même si les plateformes numériques gagnent progressivement du terrain.

L’enveloppe allouée à cet appui n’a pas encore été définitivement fixée. « Nous aurons une centaine de millions de francs CFA, mais ce n’est pas encore arrêté », a précisé Franck Ggankak, directeur du développement des médias et de la publicité au ministère de la Communication, par ailleurs secrétaire technique de la commission. Ce montant, inscrit dans le budget du Mincom, doit encore faire l’objet d’arbitrages avant sa répartition effective entre les bénéficiaires.

Cette session 2025 intervient dans un contexte économique difficile pour les entreprises de presse, confrontées à la chute des ventes papier, à la concurrence féroce des plateformes digitales et à la précarité des conditions de travail des journalistes.

Mis en place depuis plusieurs années, ce mécanisme d’appui institutionnel vise alors à soutenir financièrement la presse privée. Mais au-delà de l’aspect financier, le ministère de la Communication met un accent particulier sur la responsabilité sociale des médias. « Ce soutien n’est pas une simple aide économique ; c’est un partenariat pour la paix et la cohésion nationale », a rappelé un membre de la commission. Dans un contexte marqué par des tensions politiques et sociales, les médias sont invités à privilégier la vérification des faits, la modération dans le ton et la recherche de l’équilibre dans le traitement de l’information.

Cette exigence de responsabilité s’impose d’autant plus que le Cameroun sort à peine peu à peu d’une période mouvementée. Les violences qui ont suivi la fin de la présidentielle du 12 octobre 2025 ayant reconduit Paul Biya à la magistrature suprême ont ébranlé la sérénité dans plusieurs grandes villes du pays. Des scènes de tension et de pillages ont été enregistrées à Douala, Garoua, Bafoussam, Dschang et dans bien d’autres villes, alimentées par la désinformation circulant sur les réseaux sociaux et parfois dans les médias nationaux et étrangers.

Dans ce climat encore fragile, le rôle des médias apparaît central. Ils sont appelés non seulement à informer, mais aussi à contribuer activement à la reconstruction de la confiance et à la consolidation de la paix. En relayant une information vérifiée et équilibrée, ils peuvent désamorcer les rumeurs, apaiser les esprits et encourager le dialogue national.

 

Julien Efila

 

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